
À l’occasion du référendum constitutionnel organisé en Guinée le 21 septembre 2025, les membres guinéens de la Cohorte Démocratie & Jeunesse ont décidé de rédiger cet article afin de partager leur analyse et leurs préoccupations. Convaincus que ce moment constitue une étape charnière pour l’avenir démocratique du pays, ils souhaitent mettre en lumière les enjeux liés à la participation des jeunes, ainsi que les défis persistants pour construire une gouvernance plus inclusive.
Ce 21 septembre 2025, la Guinée organise un référendum sur sa nouvelle Constitution. Plus de six millions de Guinéens étaient appelé aux urnes pour approuver ou rejeter le projet de la Loi fondamentale. Une étape importante vers un retour à l’ordre constitutionnel initialement prévu pour fin décembre 2024. Si le texte proposé ouvre de nouvelles perspectives politiques pour les jeunes, notamment à travers les candidatures indépendantes, la campagne référendaire a révélé un manque de débat intergénérationnel. Selon les membres guinéens de la Cohorte Démocratie & Jeunesse, cette insuffisance prive le pays d’une occasion de dynamiser l’engagement de sa jeunesse en vue des prochaines échéances électorales.
Une jeunesse majoritaire mais politiquement marginalisée
Dans un pays où plus de la moitié de la population a moins de 19 ans (53,7%), le paradoxe demeure étonnant. Le paysage politique reste dominé par des partis traditionnels dont l’offre politique semble déconnectée de la réalité. Le Conseil National des Jeunes de Guinée, conçu comme l’organe représentatif et consultatif de la jeunesse, peine à remplir véritablement sa mission. Bien que les autorités aient réaffirmé à plusieurs reprises leur volonté de soutenir cet organe, son fonctionnement reste marqué par de profondes insuffisances structurelles et organisationnelles.
L’absence de locaux propres et de moyens de fonctionnement suffisants limite fortement la capacité du CNJ à assurer la représentation effective et inclusive des jeunes. Ce décalage entre son mandat officiel et sa réalité opérationnelle illustre l’écart entre les ambitions affichées en matière de participation des jeunes et les conditions offertes pour leur exercice. Certes, les jeunes perçoivent ce texte comme un retour à l’ordre constitutionnel, mais pas nécessairement vers une démocratie promise lors du renversement d’Alpha Condé (2010-2021) par l’ancien patron du Groupement des Forces Spéciales de l’armée guinéenne, Mamadi Doumbouya à l’époque, Colonel, devenu général depuis 2024.
L’âge de la présidence : une barrière à 40 ans
La nouvelle Constitution comporte une restriction en fixant l’âge minimum à 40 ans pour accéder à la présidence (article 45), excluant de facto de potentiels jeunes leaders. Dans la plupart des régions du pays, les jeunes ont été massivement mobilisés à travers des mouvements de soutien au projet constitutionnel, souvent sans véritable consultation sur leurs propres préoccupations.
Quand la mobilisation remplace le dialogue
L’épisode le plus révélateur de cette approche s’est déroulé lors de la Journée nationale de la jeunesse à Labé. Le ministre de la Jeunesse y a rassemblé des jeunes, non pas pour débattre des défis qui les concernent, mais pour les mobiliser en faveur du « oui » au référendum. Cette instrumentalisation illustre une substitution du dialogue démocratique par la mobilisation partisane.
Des avancées démocratiques à saisir
Malgré ces limites, la nouvelle Constitution contient des dispositions prometteuses. L’article 20 consacre le droit de pétition, ouvrant la voie à une démocratie participative renforcée à l’ère des technologies civiques (CivicTech) qui transforment déjà les pratiques démocratiques mondiales.
Les femmes, force électorale émergente
Le nouveau fichier électoral révèle que sur les 6 768 458 électeurs inscrits, 3 493 251 sont des femmes, soit 52,26% du corps électoral. Cette majorité féminine donne un poids particulier à l’article 6 alinéa 13 (I) de la Constitution proposée, qui promeut la parité avec un quota d’au moins 30% de femmes dans les postes décisionnels. Si elle est adoptée, cette disposition pourrait marquer un tournant vers plus d’équité dans la gouvernance guinéenne.
Après l’adoption de la nouvelle Constitution, les membres guinéens de la Cohorte Démocratie & Jeunesse pensent qu’il serait judicieux d’accroitre l’implication des jeunes dans les prochaines consultations électorales et renforcer la législation pour encourager leur participation politique.
Signature des membres guinéens de la Cohorte Démocratie & Jeunesse :
Association Villageois 2.0
Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI)
Réseau National des Acteurs du Développement Durable (RENADE)
Webzaly
ONG Ouvrir Les Horizons