
La Cohorte Démocratie & Jeunesse, par le biais du projet Digitalise Youth vise à renforcer les droits numériques en Afrique, en défendant le droit d’accès à l’information, la liberté d’expression, la transparence et la résilience face à la désinformation et aux menaces de cybersécurité. En ligne avec cet engagement, la YDC a participé au Forum sur la liberté de l’Internet en Afrique (FIFAfrica 2025) à Windhoek, en Namibie, du 23 au 26 septembre, avec six représentants d’organisations soutenues par la YDC et engagées dans la promotion des droits numériques.
La semaine a été consacrée au développement des compétences des jeunes activistes afin qu’ils présentent leurs recommandations politiques pour la promotion des droits numériques et qu’ils partagent les défis auxquels ils sont confrontés dans leurs contextes respectifs. FIFAfrica a fourni une plateforme rassemblant des voix venues de tout le continent et au-delà afin de discuter de sujets critiques à l’intersection de la technologie, des droits humains et de la gouvernance.
Formation au plaidoyer
La première journée a été consacrée à une session de formation au plaidoyer animée par Andrew Songa, conseiller régional de EPD pour l’engagement auprès de l’Union africaine. La formation a rassemblé des représentants de six organisations soutenues par la YDC pour des projets sur les droits numériques, des membres du consortium Digitalise Youth, des OSC locales et des membres de la YDC en Namibie. La formation a débuté par une présentation du cycle de plaidoyer, décrivant ses différentes étapes et parties prenantes, ainsi que des stratégies pour s’engager auprès des décideurs et des méthodes pour construire des messages forts.

Comprendre le dispositif africain des droits humains
La session s’est également concentrée sur le dispositif africain des droits humains, couvrant la structure et les droits de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et explorant les procédures et le mandat de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP). Andrew Songa a informé les participants des moyens pratiques dont disposent les OSC pour s’engager auprès de la CADHP, tels que la soumission de rapports parallèles, la participation aux forums d’ONG de la CADHP et l’obtention du statut d’observateur pour faire des déclarations orales.
Mise en pratique

Les participants ont mis en pratique cet apprentissage théorique par le biais de deux exercices pratiques : le premier consistait à cartographier les étapes du cycle de plaidoyer pour un cas spécifique, et le second était axé sur l’élaboration de recommandations et la présentation d’une déclaration orale.
Conférence FIFAfrica
Des activistes numériques aux OSC, en passant par les délégués gouvernementaux, les professionnels de la technologie et les universitaires, le forum a rassemblé diverses parties prenantes déterminées à faire progresser les droits numériques en Afrique. Les nombreuses sessions ont abordé des sujets tels que l’IA, la surveillance numérique, la gouvernance, les coupures d’Internet, l’intégrité de l’information, la démocratie numérique, les résolutions de la CADHP et les litiges contre les grandes entreprises technologiques.
Panel : Des Hashtags à la Politique : Les Droits Numériques et l’Engagement des Jeunes pour un Espace Civique Ouvert

Dans le cadre du forum, la Cohorte Démocratie & Jeunesse a organisé un panel consacré à l’activisme numérique des jeunes et aux stratégies efficaces pour promouvoir les droits numériques. La session comprenait un représentant de Africtivistes spécialisé dans l’activisme numérique des jeunes, une experte en surveillance des médias et en intégrité de l’information de Code for Africa, un représentant de l’ Association des blogueurs de Guinée (ABLOGUI) et une membre de l ‘ Association Sénégalaise des Bibliothécaires, Documentalistes et Archivistes (ASBAD) . Chaque orateur a partagé son point de vue sur l’état des droits numériques dans son contexte, en soulignant les réalisations et les défis auxquels leurs organisations sont confrontées pour faire avancer les droits numériques.
« Les jeunes ont montré que le numérique n’est pas seulement un outil, mais un véritable levier pour la démocratie »
– Mamadou Mbaye Dione, AfricTivistes

Nomshado Lubisi, représentant Code for Africa a proposé une analyse de la numérisation de la région du Sahel et de l’impact des nouvelles technologies sur la participation politique. Elle a présenté la technologie comme une « arme à double tranchant » qui à la fois permet de nouvelles opportunités d’accès à l’information et de mobilisation et d’autonomisation des jeunes, tout en constituant un environnement propice à la création et à la diffusion de fausses informations et de désinformation.
Baro Condé, président de l’ Association des blogueurs de Guinée (ABLOGUI) a souligné la contribution importante de son organisation au renforcement des droits numériques : ABLOGUI a poursuivi en justice, avec succès, le gouvernement guinéen devant le tribunal de la CEDEAO pour avoir procédé à des coupures intentionnelles de l’Internet pendant les élections de 2020, tenant l’État pour responsable de la violation de ses obligations régionales, nationales et internationales en matière de droit à l’information.
Marie Gaye a présenté l’Association sénégalaise des bibliothécaires, documentalistes et archivistes (ASBAD) et leur ambition de repositionner les bibliothèques comme leviers de participation citoyenne et comme lieux privilégiés d’accès à une information vérifiée et vérifiable.
« Les droits numériques ne sont pas nouveaux, mais constituent plutôt une extension dans l’espace numérique de nos droits fondamentaux, à savoir le droit à l’information, la liberté d’expression et le droit à la vie privée. »
– Baro Condé, ABLOGUI
Le panel a permis aux intervenants de présenter des recommandations concrètes aux acteurs politiques, en s’appuyant sur leur expérience et les réalités locales. Les propositions visaient à créer un espace civique numérique plus ouvert et à renforcer les droits numériques aux niveaux local, national et international.
Nomshado Lubisi (Code for Africa) a appelé à la transparence et à un engagement numérique responsable en promouvant une communication fondée sur les faits, en luttant activement contre la désinformation et en soutenant des politiques qui protègent l’espace civique et les droits des jeunes à participer en toute sécurité au discours politique en ligne.
Baro Condé (ABLOGUI) a souligné l’importance d’impliquer les jeunes dans le développement des politiques publiques sur les droits numériques, précisant que cela est essentiel pour une démocratie inclusive au Sahel.
Marie Gaye (ASBAD) a appelé les gouvernements à ratifier la Convention de Malabo de l’Union africaine sur la cybersécurité.
Mamadou Mbaye Dione (AfricTivistes) a déclaré que la technologie doit devenir un moteur de la participation citoyenne et de la transparence, précisant que les outils numériques devraient être prioritaires pour créer du lien entre les citoyens et la politique.
